Réseaux & Connectivité

Starlink et la pollution spatiale : pourquoi l’encombrement du ciel devient un vrai problème

Starlink transforme notre ciel : entre pollution lumineuse, risques de collisions et atteinte à la couche d’ozone, le rêve d’Internet global inquiète.

trainees blanche liees au reseau starlink

Introduction

Depuis 2019, SpaceX a envoyé plus de 7 000 satellites Starlink en orbite basse. Et ce n’est qu’un début : l’entreprise d’Elon Musk vise jusqu’à 42 000 engins dans les prochaines années. Autrement dit, il y aura bientôt plus de satellites Starlink que tout ce que l’humanité a lancé depuis le début de la conquête spatiale.

Aujourd’hui déjà, environ 6 000 des 8 100 objets en orbite basse appartiennent à SpaceX (Les Numériques).

Le réseau Starlink promet un Internet global, mais son expansion massive entraîne des risques pour l’environnement, l’astronomie et la sécurité spatiale.


Pourquoi tant de satellites ?

C’est avant tout une question de technologie : pour offrir un accès Internet rapide à l’échelle mondiale, les satellites doivent être placés assez bas (autour de 550 km d’altitude) afin de limiter la latence. Mais plus on est bas, plus le champ de vision est restreint… et plus il faut de satellites pour couvrir toute la planète.

Le revers de la médaille ? Une véritable pollution spatiale. Chaque satellite ne dure que 5 à 7 ans, ce qui signifie des lancements constants et des retombées quotidiennes dans l’atmosphère. Environ un à deux satellites tombent chaque jour, et ce chiffre pourrait quintupler dans la prochaine décennie…


Des risques bien réels

collision dans l'espace, explosion d'un satellite

Les collisions deviennent un problème majeur. Rien qu’entre décembre 2023 et mai 2024, les satellites Starlink ont dû réaliser près de 50 000 manœuvres d’évitement pour ne pas entrer en contact avec d’autres objets. Le fameux syndrome de Kessler, qui prévoit une réaction en chaîne de débris spatiaux, n’a jamais paru aussi plausible.

Et ce n’est pas tout : la désintégration des satellites libère des oxydes d’aluminium dans la haute atmosphère, des particules qui pourraient fragiliser la couche d’ozone. Selon certaines études, ces émissions atteindraient plusieurs centaines de tonnes par an d’ici 2035.


Un désastre pour l’astronomie

Les astronomes, eux, sont en colère. Les traînées lumineuses laissées par les satellites gâchent de nombreuses observations : jusqu’à 40 % des images grand champ de certains télescopes risquent d’être inutilisables. Le futur observatoire Vera C. Rubin, conçu pour cartographier le ciel austral, verra ses clichés parasités tous les soirs.

Côté radioastronomie, la situation n’est pas meilleure. Les signaux non intentionnels émis par les satellites perturbent gravement les instruments comme LOFAR. Certains chercheurs parlent d’un véritable « enfer radioélectrique ».


Quand l’espace devient un Far West

guerre dans l'espace avec plein de vaisseaux

Au-delà des enjeux techniques, la question devient éthique : peut-on laisser une entreprise privée transformer le ciel de toute l’humanité ?

Beaucoup y voient une forme d’appropriation de l’espace, un « Far West orbital » où les premiers arrivés s’octroient le droit d’occuper la vue… et les fréquences. Les appels à une régulation internationale se multiplient, mais pour l’instant, le ciel continue de se remplir à une vitesse vertigineuse.


Sources